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Comment Bruno Le Maire justifie la hausse des tarifs de l’électricité

: une mesure impopulaire mais nécessaire

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Comment Bruno Le Maire justifie la hausse des tarifs de l’électricité : une mesure impopulaire mais nécessaire

Une annonce attendue

Dès la rentrée de 2023, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, avait prévenu que les tarifs de l’électricité connaîtraient une augmentation à partir du 1er février 2024. Cependant, personne ne savait à quel point les prix allaient augmenter. Le suspense a été levé le 22 janvier lorsque le ministre a annoncé une hausse de 8,6% pour le tarif de base et de 9,8% pour le tarif heures pleines-heures creuses.


Pour adoucir cette annonce impopulaire, Bruno Le Maire a choisi d’apparaître au journal télévisé de 20h00 de TF1, touchant ainsi un large public et s’adressant directement aux Français pour expliquer sa décision. Il a présenté une liste de justifications qu’il considère comme nécessaires pour cette mesure.

La crise énergétique imputée à Poutine

En réaction à la position du Rassemblement national qui s’opposait à une hausse des tarifs de l’électricité, le ministre a affirmé que cette augmentation était en grande partie due à l’attaque de l’Ukraine par Vladimir Poutine.

Cependant, cette explication est simpliste car la crise énergétique trouve ses racines dans plusieurs facteurs, tels que la reprise économique post-Covid, la chute de la production nucléaire d’EDF, la hausse du cours du carbone et le fonctionnement du marché européen de l’électricité.

La fin du bouclier énergétique

La première justification avancée par Bruno Le Maire est la fin progressive du bouclier tarifaire, une aide temporaire de l’Etat pour les ménages et les petites entreprises visant à plafonner les hausses des prix de l’énergie. Cette mesure, qui a coûté jusqu’à présent 90 milliards d’euros, sera enlevée complètement le 1er février 2025. Bruno Le Maire a justifié cette décision en déclarant qu’il fallait « sortir du quoi qu’il en coûte ».

Le rétablissement de la taxe sur la consommation finale d’électricité

Les prix de l’électricité ayant baissé sur le marché et la production nucléaire française ayant retrouvé sa compétitivité, la sortie du bouclier tarifaire aurait pu être indolore pour les Français. Cependant, la loi de finances 2024 a décidé de réintroduire la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) qui avait quasiment disparu depuis 2022. Cette taxe sera ainsi relevée à 2,1 centimes le kilowattheure à partir du 1er février, permettant de récupérer 6 milliards d’euros pour l’Etat. Une augmentation plus élevée aurait été difficilement supportable pour les consommateurs.

La compétitivité et la souveraineté électrique française

Selon Bruno Le Maire, l’argent récolté grâce à cette taxe servira notamment à financer le chèque énergie de 150 euros pour 6 millions de Français, ainsi que les équivalences tarifaires pour la Corse et les Outre-mer.

De plus, ces fonds seront utilisés pour investir massivement dans l’électrification du parc français et augmenter les capacités de production d’énergie électrique décarbonée (solaire, éolien, nucléaire). Cette mesure s’inscrit dans une démarche de compétitivité et de souveraineté énergétique pour réduire la dépendance de la France au gaz et au pétrole.

Protéger les finances publiques

Bruno Le Maire souligne que les recettes nettes enregistrées grâce à la taxe TICFE seront inférieures aux 6 milliards d’euros bruts annoncés, car il faudra verser des compensations aux producteurs d’énergies renouvelables dont les prix sont garantis par l’État.

Il rappelle également que cette mesure vise à éviter d’aggraver la dette et le déficit publics, et à préserver la note de la dette française. Bruno Le Maire cherche par ailleurs à retrouver des marges de manœuvre financières pour réaliser des investissements importants.


Bien que la hausse des tarifs de l’électricité soit impopulaire, Bruno Le Maire justifie cette mesure pour plusieurs raisons : la fin du bouclier énergétique, le rétablissement de la taxe sur la consommation finale d’électricité, la nécessité d’investir dans l’électrification du parc français et la protection des finances publiques.